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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 19:48

L’idée est venue de notre curiosité à propos de la Transjurassienne, épreuve de ski de fond reconnue qui nous tentait bien. Sur le site de Trans’Organisation, on remarque également qu’un trail existe sur le tracé mythique de cette traversée du Jura, dans la longueur !

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Allez, nous voilà inscrites, Pat sur la longueur complète (70km) et Elsa sur la moitié (34km), en compagnie de Rodolphe, SA moitié.

Pour être sures que Pat soit sur la ligne de départ à 5h30, nous réservons un dortoir dans le centre d’hébergement de Lamoura.

 

Nous nous y retrouvons le samedi, quasi synchronisés après un passage à Morez pour le retrait des dossards. Il est 19h00, le temps de poser nos sacs de sports sur les lits, et nous mettons les pieds sous la table de la cantine.


Couchés à l’heure des poules du Haut-Jura (mais pas des retraités en vacances !), nous passons une nuit agitée dans la perspective de l’effort du lendemain : un réveil à 2h40 pour Pat, départ de la course à 5h30, 70km et 2700 mètres de dénivelée+. Pour Elsa et Rodolphe, ce sera un départ de course à 10h00 pour 34km et 1350 mètres de dénivelée+.

 

 trail2010 affiche pm

Quand 70 + 34 font transcender les Mamans Brut de Fleurs !

 

3h00 : Bien peu de coureurs pour le petit dej tip top du centre. Un thé, un bol de céréale, un yaourt, un kiwi, un p’tit kawa… y’a plus ka…
3h30 : je m’installe dans la navette, que de monde ! 3 se suivent, toutes presque pleines ! Le MP3 sur les oreilles pour un réveil tonique mais les yeux fermés pour la concentration.
4h30 : arrivée à Mouthe. Tout doucement, tout le monde se réveille, s’ébroue, finalise sa tenue, les derniers dossards sont distribués, épinglés. J’assiste à une petite cérémonie à huis clos ou peu de têtes connues se présentent à moi.
5h30 : c’est un départ intime, confidentiel et presque religieux car beaucoup de foi et de ferveur animent les 320 concurrents. Il fait beau, il fait bon (13°) et 70 km nous attendent…
La première partie du parcours est plutôt roulante, des faux plats des mini bosses mais tout se court jusqu’à l’arrivée au pied du tremplin de Chaux Neuve, passage ludique et spectaculaire où hélàs l’ami (jeu de mot…) Jason n’est pas présent !
7h30 : je viens de passer le premier ravito de la Chapelle des Bois qui annonce la montée de la Roche Champion, environ 3 km qui nous font bien suer mais qui nous offre un magnifique point de vue au sommet.

 

9h00 : nous sommes déjà sur la place de l’hôtel de ville de Morez, au point de départ. Sous un tonnerre d’applaudissements passe le premier concurrent de l’épreuve de 70km, la cuisse légère et l’organisation au top : il tend sa ceinture-gourde vide et l’échange contre une nouvelle, pleine = 0 perte de temps !

 morez_mairie_1.jpg

9h30 : rencontre avec une thononaise qui a franchit le Léman pour tester un parcours plus long que son « allingeoise » habituelle de ce début juin (petite pensée pour ma maman qui a t erminé pour la seconde année consécutive, ce « petit » 18km chablaisien)

 

 

 

9h00 : me voilà à Bellefontaine, première barrière horaire sur laquelle je n’ai que 30 mn d’avance. Il m’aura fallu 1h30 pour parcourir les 9,5 km depuis la Chapelle et j’ai un premier coup de mou. Il faut repartir en faux plat montant sur goudron avant d’entrerdans un sous bois aux allures de montagnes russes. Quelques gouttes de pluie n’arrangent pas mon petit moral…
Morbier-2Après les Trois Commères, nous amorçons une grande descente technique puis plus roulante jusqu’à Morbier où je ne m’arrête pas malgré l’odeur alléchante du Comté et du Morbier ! Le cadre est bucolique et après une jolie grimpette en single en sous bois, me voilà perchée au dessus de Morez alors que les cloches de l’Eglise sonnent 10h annonçant par la même le départ du 34. Peut-être vais-je pouvoir récupérer les derniers !

 

10h00 :

départ au coup de fusil, un bisous « a tout à l’heure » et le voilà qui disparaît en se faufilant entre des dos de poches à eau. Où suis-je, que fais-je ? (dans quel état j’ère ce sera pour plus tard !!) C’est la première fois que je m’engage à courir aussi longtemps, et je n’ai gravit qu’occasionnellement autant de dénivelée dans la même journée. Mais voilà, ma gouroute de trail (Pat) sait transmettre son plaisir et depuis deux rando itinérantes, j’adore le Jura !

Pour ne pas avoir le vertige de l’épreuve, je décide de prendre chaque étape, l’une après l’autre.

Je sais qu’une montée nous attend, dès le début. Elle nous mènera aux Rousses, en passant par un sous-bois, le lycée d’optique de Morez (une centaine de marches d’escalier : faut être motivés pour aller en cours !) et une belle colline jurassienne.

1h30 de montée pour moi, 2h pour arriver aux Rousses.plan_rousses.jpg


10h50 : terrible et interminable cette portion jusqu’à Morez ! Dire qu’il n’y avait qu’à piquer tout droit pour y arriver ! Mais quelques tours de manèges c’est plus drôle assurément (pour l’orga seulement !!!!). 2 murs dont un digne d’escalade avant d’accéder à ces verres de coca tant convoités ! Je prends une dizaine de minute et repartir est un calvaire… Je suis déjà cuite et j’ai encore 31 km à parcourir… Mais la tête veut aujourd’hui aller au delà, au bout de ce défi et prendre une revanche sur le Nivolet. Pas de questions à se poser ni d’hésitations.
Le soleil m’accompagne pour cette longue ascension, difficulté majeure du parcours, de près de 5 km, en sous bois. Je reprend du poil de la bête et avance sûrement. Au sommet au Gros Crête, la vue est superbe, dommage qu’il y ai tous ces cailloux qui m’obligent à regarder où je mets les pieds ! Mais je ne pense qu’aux Rousses où je pourrais à nouveau boire frais…


J’ai ensuite le repère du ravitaillement solide, situé dans le joli village de Prémanon. J’entends derrière moi, dans le peloton, un homme conseiller à son auditrice du moment de monter le rythme si elle se sent bien à Prémanon, puisqu’il ne reste que 10km avant l’arrivée. Cette perspective me réjouit à l’approche du village, car cela fait un bon quart d’heure que la douleur a commencé son ascension dans mes mollets et cuisses.

 


13h30 : Les Rousses, du thé frais et direction Prémanon pour le coca ! Voilà les leitmotiv qui me font désormais avancer. Il fait chaud et humide, le vent est tiède et les jambes ne sont plus que les marionnettes de mon cerveau.
La deuxième longue bosse de la 2ème moitié est amorcée avec sa dernière barrière horaire à Prémanon à 15h30 soit 10 heures de course.

 village_premanon2_02.jpg

14h00 : Voilà Prémanon, je reconnais ses chalets. Entre deux quartiers d’orange, je m’enquiers quand même du kilométrage restant, une intuition ? La GB (Gentille Bénévole biensûr, il n’y a pas encore de ravitaillement alcoolisé sur les stands !) m’indique pleine d’enthousiasme que j’ai atteint la moitié du parcours ! Pour moi c’est un coup de bambou ! Il reste 17km ! Je m’assois 5mn. J’ai mal regardé mon itinéraire, mais je sais quand même que la 2e partie est « plus roulante ». Cela me permet de repartir. Mes jambes sont comme figées après cet arrêt. Je vais marcher quelques temps. Mais le terrain est plat, alors je tente une relance de la machine, je ne peux quand même pas marcher jusqu’au bout ! Et miracle, çà repart avec moins de douleur que ce que je craignais.

 

Nouvel objectif : le dernier ravito en eau. Mon émission de radio préférée podcastée dans les oreilles (oui oui c’est bien vrai, j’ai écouté des gens parler pendant 3 heures !), je me mets en mode pilote automatique. Mes jambes déroulent, les kilomètres s’enchaînent alors que le soleil donne et que le sel croûte mon visage.

 

14h34 : me voilà à Prémanon à vider les bouteilles de Pepsi. J’ai une petite heure d’avance sur la barrière horaire, j’ai déjà vaincu ça ! J’ai également dépassé mon temps de course jamais atteint, ma seule obsession est maintenant d’en finir. 16 km restent à parcourir avec encore de la grimpette. Bonne surprise, elle n’est pas si rude et plutôt roulante. Courir, courir, courir tant que le terrain me le permet, mon cerveau ordonne à mes jambes de la faire sous peine de représailles sévères, il est dans le même état d’esprit que ce ciel noir qui gronde pas si loin… Pourvu que j’arrive avant ! Un bénévole me fait bifurquer à 90° m’indiquant que je part à l’opposé et que je devrais y échapper !

 

16h30 : J’arrive à ce dernier ravito. Un verre d’eau, ou plutôt un demi, j’ai la tremblotte, et je repars. Je ne pense maintenant plus qu’à finir, il reste 7km. L’idée de passer la ligne me fait monter un sanglot, je peux donc y arriver ? Je suis à fleur de peau.


Une jolie bosse encore qui me fait croire que c’est l’avant dernière du profil mais ça ne colle pas avec le kilométrage indiqué par mon GPS. J’arrive alors au tunnel du Boulu et sort ma petite carte plastifiée, ce nom me dit quelque chose… Les 2 dernières bosses arrivent… Un verre d'eau, la moitié passe à côté de ma bouche, j'ai également la tremblotte...


La parcours est toujours plat jusqu’au dernier mur ! Comment peuvent-ils nous faire çà : une véritable piste de ski alpin (au moins une rouge !) à gravir en ligne droite ! Un géant s’agenouille juste devant moi, à mi-montée, je balbutie un encouragement.

Le plat revient. Une prairie, j’aperçois un coureur immobile sur le bord du chemin. Ah non, il bouge, me fait un signe ? Rodolphe ! Il a fait demi-tour après la ligne d’arrivée, et m’accompagne sur le dernier kilomètre. Je craque, mais trouve les ressources pour finir en sprint, 5h38 après le départ.


En guise de bosse, nous avons droit à une piste de ski drè dans le pentu. Je n’y arrive plus et je suis pourtant de tout mon poids sur mes bâtons. Comment ma Zazou s’en est-elle sorti sans ??? Allez, je m’accroche sous les encouragements du concurrent que j’avais embarqué peu avant. Quel magnifique solidarité le trail…
vache.jpgUn champ de vaches et me voilà nez à museau avec l’un d’elles, pattes avant fléchies, prête à bondir comme si j’allais l’attaquer ! T’inquiète ma grosse, je n’en ai pas la force ni celle d’ailleurs de changer de route !
Joli point de vue sur le lac avec l’arche d’arrivée… Elle est là tout prêt et pourtant si loin… 2 km encore, tout se melle et s’emmêle. La fatigue se manifeste par des nausées, près de 4 heures que je ne peux plus avaler de solide. C’est plat et je n’avance plus qu’en m’aidant des bâtons et en marchant. Heureusement une coureuse avec qui j’ai fait le yoyo me rattrape et hop un nouveau petit coup d’entraide qui va bieng. Elle me fait repartir en courant et prétextant que la pluie qui vient de commencer va nous refroidir sinon !
Pas de dernier mur finalement, quelle joie de voir plutôt un dernier passage rendu très glissant par la pluie et cette arche à portée de bâtons. L’émotion me prend à la gorge, je suffoque, je vais passer la ligne d’arrivée, j’y suis arrivée.
Je me retrouve en position de prosternation, après 11h35 d'effort l’émotion me submerge à chaudes larmes, le speaker me félicite et s’inquiète de savoir si tout va bien.

 


Le bilan : après une course comme celle-là, une inédite pour moi, j’ai l’impression de mieux me connaître. Au-delà du report de mes limites sportives, c’est une nouvelle illustration des possibilités d’adaptation sur lesquelles on peut compter, chacun à son niveau, quand on décide d’atteindre des objectifs aussi fous qu’enthousiasmants !

Note pour plus tard : le trail c’est comme la rando, mais en plus rapide, alors n’hésites plus à prendre tes bâtons !

 

Tout va très bien SGO (Supers Gentils Organisateurs) ! Vous nous avez offert un parcours somptueux qui n’a d’égal que la qualité de votre organisation et votre bienveillance.
Si mes jambes et ma tête n’en était guère convaincues dimanche soir, mon cœur lui vous est tout acquis !
Note pour toujours : le trail au long court, c'est avant tout une aventure humaine et surhumaine, ensemble et pourtant seul face à soi. Une des meilleures façons de se connaître au plus profond de ses tripes et d'appréhender les Autres, dans ce qu'ils donnent de meillleur.

 

logo transjutrail 2

Tous les résultats sur le site de la Transju'Trail.


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commentaires

M
<br /> félicitation les filles!!! belle performance!!! j'ai les jambes brulée rien que de lire votre résumé!!!!encoe bravo<br /> <br /> <br />
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